Étude de la durabilité de la filière forêt-bois de Guyane française : approche spatialisée par modélisation des services écosystémiques

• Direction : Sylvain Caurlat (UMR Beta)
• Encadrement : Mélaine Auvbry-Kientz (UMR EcoFoG)
• Financeurs : UG et Bureau d'économie théorique et appliquée (Beta)
• ED 587 Université de Guyane

Guillaume Salzet a brillamment soutenu sa thèse en salle Silvolab (UMR EcoFoG), le 29 mai 2024.

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Résumé

Forte d’une forêt tropicale humide peu perturbée recouvrant 96 % de son territoire (plus de 8 millions d’hectares), la Guyane représente l’un des « points chauds » de biodiversité les plus importants à l’échelle française. Cependant, ses écosystèmes et les services associés sont menacés par l’exploitation des ressources forestières en réponse à une demande sociale marquée et en augmentation. Malgré leur bon état de conservation et l’application de méthodes d’exploitation à faible impact, les forêts de Guyane française sont soumises à des pressions anthropiques croissantes en raison d’une demande en hausse de bois d’œuvre soutenue par une croissance démographique forte et de nouvelles demandes de bois énergie dans le cadre de la diversification de la filière énergie. À cela s’ajoute la nécessité d’assurer les besoins de subsistance tant sur le plan alimentaire qu’énergétique qui sont à l’origine d’une déforestation et de la conversion en terre agricole. Enfin, le secteur de la forêt et du bois interagit de manière complexe avec la filière orpaillage qui représente, avec l’aérospatiale, l’un des piliers de développement du territoire. 

L’état français dispose de la majorité de la propriété du massif forestier et le gère sur la zone nommée Domaine Forestier Permanent (DFP) par l’intermédiaire de l’Office National des Forêts (ONF). La politique forestière appliquée au territoire est conservatoire et se caractérise par une exploitation à faible impact (EFI) et par la distribution d’aides sous la forme de financement au développement des filières bois en aval, aujourd’hui déficitaires et dépendantes des investissements publics. Dans un contexte de limitation des dépenses publiques et d’une baisse d’investissement de l’état dans les territoires, il apparaît plus que jamais nécessaire de favoriser les politiques économiques aboutissant à des trajectoires durables pour les filières bois, à la fois des points de vue économique, environnemental et social. 

À ce jour, il n’existe pas d’outil simulant de manière intégrée les enjeux de conservation des écosystèmes et les enjeux de production de bois pour la Guyane. Or, tenir compte des rétroactions entre les différentes parties du système bioéconomique qui constituent le territoire guyanais est indispensable à l’étude de ses trajectoires de développement durable. Afin d’explorer ces trajectoires et leurs conséquences, ce projet doctoral propose de : 

(1) simuler de manière spatialisée la production de services écosystémiques (stock de carbone, diversité fonctionnelle, volume de bois commercial et densité de gibier) à l’échelle du DFP et leur réaction suite à une exploitation forestière ; 

(2) modéliser les spécificités des acteurs de la filière forêt-bois guyanaise à travers un modèle des marchés du secteur forêt-bois régional ; 

(3) coupler la modélisation de la dynamique spatialisée des écosystèmes et le modèle du secteur économique forêt-bois afin d’estimer les intervalles d’impact et de viabilité des différentes trajectoires de développement.