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Reportage

Zoom sur ... la station expérimentale de Paracou

  • Zoom sur...
17/11/2024
Ce matin, comme tous les matins, RDV au camp de la station de Paracou avant d’entamer une nouvelle journée de terrain d’inventaire forestier guidée par Laetitia Proux et les techniciens forestiers du Cirad.
Layons en forêt de Paracou

Les parcelles exploitées et naturelles

Dispositif expérimental de 120 ha, Paracou est organisé en 15 parcelles de 6 ha de forêt naturelle ou exploitée et d’une grande parcelle de 25 ha de forêt naturelle.

Carte station et carbet
Carte de la station et carbet d'accueil - @UMR EcoFoG

Les parcelles de forêt exploitée servent à mener des expérimentations scientifiques. Il y a 40 ans, elles ont subi différents traitements de simulations d’exploitation forestière selon des méthodes plus ou moins destructrices. 

L’impact de ces traitements fait ensuite l’objet d’études sur la biodiversité. Les questions sont nombreuses et touchent des problématiques écologiques comme économiques (filière bois). Par exemple, en combien de temps repousse la forêt selon le traitement ? Est-ce que toutes les espèces présentes avant le traitement sont à nouveau présentes sur la parcelle ? En quelle proportion ? Et sinon pourquoi ? Certaines espèces tirent - elles profit de cet impact ? Quel est l’effet de la lumière pénétrant dans le sous-bois suite à une exploitation ?  Quels effets sur le sol et le sous-sol ? Et donc sur la repousse ? Etc.

Ces nombreuses questions alimentent une grande variété de sujets d’études scientifiques et de stages des étudiants qui profitent de ce dispositif situé à 45 minutes en voiture du campus.

Les parcelles de forêt naturelle sont quant à elle des parcelles témoins de la dynamique naturelle de la forêt. Aucune intervention humaine n’y est opérée (sauf layonnage pour circuler à pied). Elles sont sources de connaissances fondamentales et sont donc également le support de nombreuses études, notamment en botanique.

L’inventaire

Layons en forêt de Paracou
©UMR EcoFoG

Un inventaire forestier sur d’aussi grands espaces et dans une forêt aussi foisonnante, ne s’improvise pas. Chaque année, les données sont rentrées dans un logiciel qui permet de cartographier l’emplacement de chaque arbre dont le tronc mesure plus de 31,5 cm de diamètre et d’en faire le suivi à l’inventaire suivant.

Malgré un environnement parfois hostile (épines, moustiques) et des conditions climatiques et topographiques pas toujours faciles,  lorsqu’on interroge les 6 techniciens forestiers sur « comment ça se passe », les réponses sont empreintes de quiétude et de sérénité, et d’une évidence : « Bien sûr, il faut aimer passer du temps dans la forêt ».

Sacs au dos contenant mètre, bombe de peinture, plaquette d’identification, télémètre, tablette et boussole à la main, Michel, Pétrus, Joryan, Olan, Alpha et Sarah se répartissent des zones bien délimitées sur chacun des 4 carrés qui constituent chaque parcelle de 6 ha.

Portraits des techniciens forestiers du Cirad
Portraits des techniciens forestiers du Cirad - ©UMR EcoFoG

Au fur et à mesure que l’équipe avance en forêt, et à l’aide de la base de données accessible sur la tablette, les techniciens remesurent les troncs des arbres déjà équipés d’une plaquette numérotée.

La mesure est toujours faite à la même hauteur (1m30 du sol) et est inscrite dans la base. Si les contreforts de l’arbre ou des lianes empêchent de prendre la mesure à la hauteur voulue, et bien il faut prendre une échelle et mesurer plus haut. Si l’arbre est mort, couché par un chablis ou mort sur pied, il faut aussi l’indiquer dans la base de données.

extrait cartographie des arbres

Sous le désordre apparent de cette carte, se cache en fait une méthode bien rodée. Ajouté à cela, la mémoire des lieux de l'équipe des 5 techniciens forestiers qui parcourent les parcelles quotidiennement, on obtient un dispositif d'inventaire mis en œuvre depuis plus de 40 ans ! Quasi unique au monde !

L’inventaire permet également de repérer de nouveaux arbres dont le tronc a atteint la circonférence suffisante pour être rentrés dans la base de données. Après avoir effectué la mesure et la localisation du nouvel individu  (point x et y par rapport à un autre arbre déjà répertorié), le technicien fixe une étiquette numérotée et tente d’identifier l’espèce. La botanique entre alors en jeu sous forme commune et scientifique.

Identification des espèces

Les sens sont sollicités pour l’identification : couleur de l’écorce, texture et forme du tronc, odeur du bois ou de la sève collectée après une petite entaille appelée « flashi », présence de feuilles ou de fruits au sol à proximité du tronc. 

Les techniciens forestiers, de part leur culture, reconnaissent et nomment les arbres par leur nom vernaculaire, le plus souvent issu de la culture bushi-nenge. Cette information est renseignée dans la base de données et sera ensuite complétée avec le nom scientifiquelatin apporté par Giacomo Sellan, botaniste Cirad – EcoFoG.

Giacomo et forestiers
Petrus, Giacomo, Joryan et Olan identifient une espèce - ©UMR EcoFoG

Le botaniste a à cœur d’échanger avec les techniciens.  Il les forme peu à peu à la botanique scientifique ce qui leur permet de gagner en compétences et d’être plus à l’aise dans les échanges avec d’autres scientifiques venus en mission sur le station.  En retour Giacomo en apprend aussi beaucoup sur la forêt grâce à ces échanges avec l’équipe.

Planning pluri-annuel et autres missions

Les six parcelles de forêt naturelle de 6 ha sont inventoriées tous les ans, tandis que les 9 parcelles de forêt exploitée le sont tous les 2 ans. La grande parcelle de 25 ha est quant à elle inventoriée tous les 5 ans

Mais notre équipe ne s’affaire pas que sur le site de Paracou : elle effectue également les inventaires dans tout le réseau Guyafor, constitué de 7 autres sites dans l’est et l’ouest guyanais.

camp de base de Paracou
Photo aérienne du camp de base de la station de Paracou - ©Benoît Burban

L’accueil de visiteurs officiels et l’appui technique de scientifiques venus en mission sur la station sont assurés par les techniciens forestiers selon la disponibilité que leur laisse l'inventaire. 

Ils s’occupent aussi de l’entretien du camp de la station (espaces verts, maintenance, construction, aménagement pour le confort des missionnaires et étudiants). 

Enfin pour superviser tout cela, l’équipe est encadrée par Laetitia Proux, responsable technique de la station, et par Ariane Mirabel, responsable scientifique.

Rédaction : Lucie Chazallon - Relecture : Laetitia Proux